Où trouve-t-on, dans l'esprit et le destin d'Isaac Celnikier, les germes et les commencements de sa lumière peinte, cette lueur sincère, couvante, rouge-or, qui se tient comme un arc entre bras et joue, et tel un souffle chaud, presse étroitement le coeur du corsage? Où a-t-il obtenu les pierres à bâtir pour cette chambre picturale de chaleur et de confiance, où la lumière ne vient d'aucune lampe mais émane des choses elles-mêmes, comme une force intégrale de vérité et de charité?
Parviendrait-on à saisir le mélange des couleurs et à en déterminer la chimie que l'on ne s'approcherait pas plus du mystère. Car ce que l'on voit n'est autre que le prodige de la création, la destruction des limites propres aux substances qui ont lieu lorsque la peinture des tubes, cette matière maléable et collante, se spiritualise sur la toile.
Et c'est cela l'énigme de l'art, que rien ne se perd, que tout, tout peut servir l'oeuvre, que lorsque l'artiste fait face à sa toile vierge, c'est non seulement avec sa connaissance et son savoir, mais aussi avec toute ses faiblesses et erreurs de sa vie. Pourtant, l'oeuvre qui apparaît peut renfermer et déployer les plus nobles et inaliénables aptitudes de l'homme. Il est des portes, dans le mécanisme de l'inspiration, qui peuvent, en temps voulu, se fermer à la tricherie, de sorte que la lumière de la bougie puisse traverser les quatre vents sans s'éteindre.
Le monde des toiles d'Isaac Celnikier vient à nous en un énorme flux d'impressions,
preuve picturale de notre condition commune, de nos espoirs et aspirations, de notre
courage quotidien pour vivre, où nous pouvons redécouvrir le sens et la force. A l'âge
d'homme, cet artiste est toujours habité par les rais de lumière qui émergent des
saintes bougies de Shabbath de son enfance. Cette lumière émane de ses tableaux
telle un souffle chaud dans la froidure.
1982.
(Traduction à partir de la version anglaise).